Crise ou pas crise, Nicolas Sarkozy soigne sa clientèle électorale. Alors que les députés entament demain l’examen d’un collectif budgétaire calamiteux pour les finances publiques, le chef de l’Etat a tranché hier : pas question d’augmenter l’imposition des ménages les plus aisés. Il entérine donc l’échappée fiscale de très riches contribuables, protégés depuis l’été 2007 par le très libéral «bouclier» fiscal.
Cet arbitrage fait au nom du «respect des promesses de campagne» doit sans doute beaucoup aux contingences électoralistes imposées par le prochain scrutin européen. Toutefois, en pleine crise, une partie de la majorité se rebiffe. Et ce matin, la réunion du groupe UMP de l'Assemblée nationale devrait résonner du mécontentement de ceux qui à droite en appelle à plus de «justice sociale» et de «rationalité économique».
Entendement. Les centristes, toutes chapelles confondues, mènent la fronde. Pierre Méhaignerie, président de la commission des affaires sociales de l'Assemblée nationale et représentant de la sensibilité centriste à l'UMP, a planté vendredi la première banderille en suggérant de créer une nouvelle tranche d'impôt sur les plus riches, «ceux dont les revenus dépassent l'entendement», à savoir les ménages qui gagnent «plus de 300 000 euros par an». Hier, il en a remis une louche réclamant une «contribution exceptionnelle des plus hauts revenus à l'effort national pour faire face à la récession»