«Pour moi, la solution, ce serait une bonne révolution. Les manifestations, c'est bien, mais qu'est-ce que ça change ?» Sur la place principale d'Auchel, la poussette juste à côté d'elle, où sourit son plus jeune garçon aux beaux yeux bleus, Sabrina a la colère comme une boule au fond de la gorge. Ici, le boulot, c'était Faurecia. L'équipementier automobile veut fermer le site, qui emploie 508 personnes. Les ouvriers bloquent l'usine depuis quinze jours. Sabrina reprend : «Mon mari était intérimaire là-bas, ils ont été les premiers sans boulot. C'est vraiment dur, avec nos cinq enfants. A la mi-avril, c'est la fin des indemnités chômage, on va retourner au RMI. Au lieu d'avancer, on recule, comme si on revenait aux temps où il y avait de la misère.»
Braseros. Auchel, c'est la limite du bassin minier : derrière la petite ville, 11 525 habitants, les monts de l'Artois vallonnent, jusqu'à la mer. De l'exploitation du charbon, qui l'a rendue riche de 1850 à 1960, elle a gardé les corons, alignés comme à la parade, coincés sous l'ombre d'un terril. «L'énorme erreur, ici, c'est que nous avons eu trois mono-industries qui se sont succédé, analyse le maire (divers droite), Richard Jarrett, médecin de la commune. Le charbon, le textile et enfin, l'automobile.» Le tissage Dewavrin a fermé il y a trois ans, il y restait encore dans les 200 personnes. «C'est simple : en cinq ans, on a perdu autour de 800 emplois, explique Richard Jarrett. Faur