Le 19 mars a été un succès en nombre de manifestants. Les enquêtes réalisées, avant comme après, ont montré la popularité du mouvement. La rue a été à nouveau l’exutoire d’un sentiment d’injustice, stimulé, s’il en était besoin, par des annonces sociales inopportunes ou maladroites.

Au-delà d’entreprises symboles d’une réussite financière jugée arrogante, c’est la politique du gouvernement, contestée ou illisible, qui est visée. Chômage, bouclier fiscal, universités, baisse du pouvoir d’achat… Les Français que nous interrogeons chaque semaine perdent peu à peu pied dans la crise. Et leur confiance dans la capacité du politique - de droite comme de gauche - à résoudre les problèmes s’amenuise dangereusement.

S’ils n’ont plus d’illusion dans la capacité de leurs dirigeants à sortir le pays de la crise, les Français ne se résignent pas pour autant. Nombreux sont ceux qui cherchent, à tâtons, la sortie. Chacun y va de son initiative. C’est en les écoutant qu’on peut prendre la mesure du bouleversement qui est en cours.

«C'est difficile de racheter les excès. On a tous été emportés par les illusions de la société de consommation, on a tous notre part de responsabilité. Et rien ne nous empêche de changer de comportement, de consommer plus modeste et plus humain» , commence un consommateur repenti. «Aujourd'hui, je ne crois plus à l'action politique. Les hommes politiques m'ont déçu. Je ne peux compter que sur mes actes. J'ai l'impression que mes actes de consommation