Depuis 1945, tout énarque normalement constitué ne pense qu'à ça. A son rang de sortie de la prestigieuse Ecole nationale d'administration (ENA) et à l'affectation qui en découle. Une véritable institution que ce classement qui sera officiellement enterré ce matin à l'occasion de la présentation en Conseil des ministres de la plus importante réforme de l'ENA - sa 24e - depuis sa création. Ainsi en a décidé Nicolas Sarkozy lors de ses vœux aux fonctionnaires en 2008. L'ancien avocat avait alors dénoncé cette pratique d'un autre âge qui veut que dans les hautes sphères de l'Etat la «totalité d'une carrière» puisse dépendre du classement à la sortie d'une école fréquentée dans sa jeunesse.
Gratin.Le ministre du Budget, des Comptes publics et de la Fonction publique Eric Woerth et son secrétaire d'Etat à la fonction publique, André Santini, se sont donc mis au travail afin de moderniser cette sélection des énarques en s'inspirant directement des méthodes du secteur privé. Au terme d'une concertation délicate de plusieurs mois auprès des employeurs publics et des élèves, leurs nouvelles règles de «recrutement» du gratin des serviteurs de l'Etat censées améliorer l'entrée dans la carrière publique, devraient s'appliquer à la nouvelle promotion baptisée du nom de l'ancien garde des Sceaux Robert Badinter.
Si ses détails ont été soigneusement tenus secrets, les grands principes de la réforme sont connus. En lieu et place d'un système qui donnait aux élèves le