Une salle pleine mais une ville déserte, quadrillée par des centaines de policiers et comme en état de siège avec ses camions barrières aux coins des rues. Le sarkozysme s’appuie d’abord sur une mise en scène au carré et le show présidentiel d’hier soir, à Saint-Quentin, l’a encore démontré.
«Nicolas ! Nicolas !…» A 19 heures précises, le chef de l'Etat pénètre donc dans une salle des sports remplie par 4 000 militants UMP démonstratifs. Le chômage explose, certains patrons versent dans l'indécence avec leur bonus et le pays est plongé dans la crise: que dire pour rassurer une opinion publique qui le désavoue dans les sondages ? Parler des «valeurs», donner des «repères». Défendre bec et ongles des choix contestés comme le bouclier fiscal («expression d'une société qui valorise la réussite») ou le plan de relance («jusqu'à présent nous n'avons pas commis d'erreur»). Mais ne surtout rien lâcher sur le fond et laisser la voie libre aux patrons.
«Moraliser». D'emblée le président de la République pose sa trame : «Cette crise économique est aussi une crise intellectuelle et morale. On n'en sortira pas si on élude les questions de principes et de valeurs.» Il en appelle à l'union, à la «responsabilité morale» de chacun et assure que «nul ne peut espérer s'en sortir seul». A ses yeux, la crise doit avoir pour vertu d'accélérer ses réformes et de «moraliser le capitalisme». Pas plus. Mais attention, il y a quand mê