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Libération
grand angle

A l’école du D-Day

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Les officiers français, accompagnés d’historiens, vont se former à la stratégie sur les plages du Débarquement, guidés par un retraité de l’armée américaine. «Libération» était dans la première vague.
publié le 30 mars 2009 à 6h53

Au petit matin, il y avait du brouillard. Un brouillard blanc très épais, très normand. Notre chef, le colonel Peter F. Herrly de l’US Army, un petit homme blond venu de l’Indiana, faisait des grands gestes sur le bord du chemin. Nous étions une trentaine d’hommes et on ne voyait rien. Il nous désignait un objectif, le pont-écluse de la Barquette, sur la Douve, à un kilomètre devant nous. En contrebas, les prairies semblaient complètement inondées. Il faisait froid, nous n’avions pas assez dormi et la journée d’hier avait été longue.

Lorsque le colonel s'est mis à parler de charge à la baïonnette, ça en a réveillé quelques-uns. On l'a regardé et on s'est dit que quelque chose clochait. Il portait une casquette à visière bleu marine pas très réglementaire, une veste à carreaux sur un tricot en jacquard, des baskets. Il avait l'âge de la retraite. Le brouillard était bien là, mais celui dont nous parlait le colonel était celui de la guerre, le « Nebel des Krieges», du grand stratège Carl von Clausewitz. Ce flou permanent qui empêche le chef militaire de connaître précisément la situation sur le terrain.

Sur le terrain du débarquement de Normandie, ce jour-là, la troupe était composée uniquement de chefs. Un groupe d'officiers supérieurs, tous colonels ou capitaines de vaisseau, cadres au Collège interarmées de défense (CID), l'ancienne Ecole de guerre. Plus deux généraux, un amiral et trois historiens. Ajoutez un journaliste embedded, vous avez un staff r