On aurait tort de se débarrasser des vieux partis. Ils n’ont pas seulement le charme des lampes à huile ou de la marine à voile. Ce sont des écoles de formation sans pareilles, des lieux d’élaboration collective, des conservatoires du civisme en actes. Les militants - les vrais, pas les affidés de tel ou tel élu - sont le sel de la terre en république. Les moquer sans cesse, leur dénier la sincérité ou le dévouement, tourner en dérision leurs débats et leur action de fourmis du pluralisme, c’est dénigrer la démocratie elle-même.
Pourtant, il faut se rendre à l’évidence : la manière dont les partis désignent leur champion a fait son temps. La dernière bataille socialiste en a fait la démonstration. Soupçons de triche, intrigues en tous genres, confusion des idées et impuissance du congrès : qui peut encore défendre ces procédures obscures et byzantines ? Les autres partis, aussi bien, ne sont pas en reste. Au Nouveau parti anticapitaliste, déjà des voix s’élèvent pour contester la prééminence organisée du trotskisme à l’ancienne ; au PC la démocratie balbutie. Chez Bayrou, enfin, on ne voit qu’une seule tête.
Voilà pourquoi, dans sa sagesse participative, le peuple de gauche plébiscite le mécanisme des primaires qui a désigné ailleurs un Prodi et, surtout, un Obama. Sauf accident, le candidat socialiste est au second tour celui de toute la gauche. Ce finaliste peut-il être désigné seulement par cent mille personnes alors qu’il a vocation à en représenter vingt millions ? Mécani