Quelle mouche a donc piqué les conducteurs de train ? Les mouvements de grève qui ont touché la gare Saint-Lazare en décembre et janvier derniers ne leur ont rien rapporté, sauf un peu plus d’agressivité de la part des voyageurs et d’incompréhension dans l’opinion. Il y a un an, la réforme de leur régime spécial de retraite s’était conclue plutôt à leur avantage, puisqu’elle ne touche pas les gens en poste et accorde d’honnêtes contreparties aux générations futures, dont l’âge minimal de départ sera repoussé de 50 à 55 ans. Pourtant, les conducteurs de train viennent de plébisciter SUD rail, le syndicat qui a joué les jusqu’au-boutistes dans l’inutile conflit de Saint-Lazare.
Aux élections des comités d'établissement de la SNCF, tenues le 26 mars, SUD rail a fait un carton chez les conducteurs de train. Chez les «agents de conduite», SUD rail a ramassé 28 % des voix (+ 6 points), talonnant la CGT. «Dans la région Saint-Lazare, nous sommes même passés de 26 à 53 %», se félicite Christian Mahieux, emblématique secrétaire général de SUD, avec ses cheveux longs et sa barbe à la Chabal. Les grands perdants sont les autonomes de la FGAAC, qui s'étaient, pour la première fois, alliés à la CFDT.
Héros et parias
Les agents de conduite seraient-ils tous d'affreux gauchistes ou de grands naïfs instrumentalisés par un syndicat qualifié par le secrétaire général de l'UMP, Xavier Bertrand, d'«irresponsable, voire hors-la-loi» ? L'explication est un peu courte. La seule catégori