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Libération
Interview

«Je vois mal Marine Le Pen passer sa carrière dans la protestation»

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Extrême droite. Dominique Reynié, du Centre d’études de la vie politique française :
publié le 2 mai 2009 à 6h51

Pour le politologue et chercheur au Centre d'études de la vie politique française (Cevipof), Dominique Reynié, le FN, «parti protestataire, antilibéral et nationaliste», peut connaître encore de beaux jours à la faveur de la crise économique, malgré le conflit interne provoqué par l'approche de la succession de Jean-Marie Le Pen, son fondateur.

Le FN peut-il rebondir aux prochaines européennes ?

C’est difficile à dire. Mais, il est clair que, dans les temps actuels, il conserve un logiciel très efficace dans un contexte, par ailleurs, plus concurrentiel. Le sarkozysme lui a certes pompé de l’oxygène, et la structure frontiste n’a pas su organiser l’après-Le Pen père. Ce qui est le propre de ce genre de formation politique. Le Pen parle et tant qu’il parle, il empêche toute succession. C’est une phase de recomposition. Mais il serait dangereux de confondre ces difficultés temporaires avec l’extinction de cette offre politique. Elle a encore de l’avenir. Le Pen est servi par le contexte, mais il n’en tire aucun profit puisqu’il est en fin de carrière. Plus nous irons vers cette globalisation et cette économie compétitive, combinée au vieillissement de la population européenne et au recours à l’immigration, plus la contestation profitera à Le Pen plutôt qu’à la gauche de la gauche. La gauche radicale est verrouillée sur une posture de refus d’un discours identitaire et national qui freine son expansion auprès des classes populaires.

Que reste-t-il aujourd’hui du Front national ?

Le FN est un parti protestataire, antilibéral, nationaliste et xénophobe. Il reste le seul à