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Libération

Insurrection française ?

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publié le 7 mai 2009 à 6h51
(mis à jour le 7 mai 2009 à 6h51)

Dominique de Villepin, qui s'y connaît en crises historiques (il a consacré trois tomes à l'épopée napoléonienne), pronostique un «risque révolutionnaire».Le Nouvel Observateur, qui sait la valeur des mots, proclame en couverture et en gros caractères rouges «l'insurrection française».

Notre cher et vieux pays, pour reprendre l’expression favorite du général de Gaulle, se trouverait donc une fois de plus au bord de la rupture, à la veille d’un affrontement décisif. Si l’on en croit l’hebdomadaire totémique des intellectuels, la France serait en somme en 1788. Si de telles prophéties venaient de la majorité, on dénoncerait une manipulation faite pour effrayer les populations et casser le mouvement de protestation. Comme elles viennent d’adversaires résolus du pouvoir, on peut y discerner un mélange de fantasmes et de marketing car rien, jusqu’ici, ne vient alimenter cette thèse.

Le 1er mai a été un succès, pas un triomphe. Certes, les cortèges étaient nettement plus fournis que d'ordinaire lors des défilés rituels de la fête du travail ; certes, cette fois-ci ils marchaient derrière les symboles retrouvés de l'unité syndicale. Les mots d'ordre, les pancartes, les banderoles étaient combatives, comme cela va de soi en pleine crise économique et sociale. Les manifestants étaient cependant nettement moins nombreux que lors des deux journées d'action interprofessionnelle et les slogans n'appelaient vraiment pas au soulèvement ou à l'insurrectio