Saint Jaurès, délivrez-nous de la gauche doctrinaire ! En moins de 200 pages, Vincent Duclert, historien de la République, nous ramène à ce mot d’ordre simple et décisif (1). Un livre qui ne va pas manquer de faire polémique (lire ci-dessous).
Une certaine histoire du mouvement ouvrier, écrite à dessein, veut nous enseigner qu’une gauche orthodoxe a toujours fait face à des déviations droitières pour maintenir son originelle pureté et préserver l’idée d’une rupture radicale avec le système. Vaste intox. L’histoire revisitée sans œillères, comme le fait Vincent Duclert, nous enseigne exactement le contraire. Ce sont les donneurs de leçons de l’orthodoxie qui ont conduit la gauche dans le fossé. C’est en marge des appareils amidonnés dans la doctrine que la vérité et l’honneur de la gauche française se sont réfugiés.
Spécialiste de l’affaire Dreyfus, Duclert rappelle le dispositif initial. Devant l’iniquité faite au capitaine juif, la gauche pure et dure, au nom des principes de la rupture, est restée muette. Seuls les marginaux du socialisme humaniste, qu’étaient Lucien Herr, bibliothécaire à Normale, le conseiller d’Etat Léon Blum ou le député Jean Jaurès, ont compris le véritable enjeu du combat pour Dreyfus : l’alliance de la justice sociale et de la liberté, seule matrice légitime de la gauche.
Léninisme. Au contraire, les marxistes, Jules Guesde en tête, considéraient que «l'Affaire» n'était qu'une querelle interne à la bourgeoisie, qu'il était superflu de