Avec Abus de pouvoir (1), François Bayrou avait annoncé un ouvrage de combat. Mais il livre aussi un manifeste, écrit dans ce français des tableaux noirs de la IIIe République, net clair, précis et non dénué de trouvailles. Il ne faut pas réduire son opus à une charge sabre au clair contre l'actuel locataire de l'Elysée, même si le président du Modem décoche quelques phrases assassines à son adversaire politique.
Paysan. Avec rigueur, le leader centriste se plaît à démonter toutes les facettes de la présidence de Nicolas Sarkozy qui, au-delà de son aspect brouillon, vise, selon François Bayrou, à remettre en cause l'essence même du projet républicain. Un travail de sape minutieux pour contraindre la France vers un modèle d'inégalités croissantes au sein de la société. D'abord, tout sépare le Béarnais, fils de paysan, attaché à la terre, à sa glèbe, du jeune homme pressé des beaux quartiers. «S'il y eut jamais contraire, nous le sommes : nos inclinations, nos goûts, nos couleurs, nos enracinements, nos passe-temps, tout ce qu'il y a de profond dans la vie et ne se dit pas dans les mots nous éloigne l'un de l'autre, et souvent comme inéluctablement nous pousse l'un contre l'autre», écrit le député des Pyrénées-Atlantiques. Alors que pour l'hyperprésident l'action semble se suffire à elle-même, son opposant croit que la pensée est l'essence même de la politique : «Faire de la réflexion une spécialité d'intellectuels, c'est enferm