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Libération

Aristophane, premier camarade

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De la Grèce à Marx en passant par l’utopie au XVIe siècle, 2 500 ans de collectivisme.
publié le 23 mai 2009 à 6h51
(mis à jour le 23 mai 2009 à 6h51)

Le capitalisme est un bébé, comparé au communisme, âgé de plus de 25 siècles. Dès qu'on a voulu organiser la vie politique, les hommes ont élaboré des modèles «communistes». Parfois, sur le mode cocasse. On trouve un projet collectiviste dans l'Assemblée des femmes d'Aristophane. Dans une période de profonde «crise», à Athènes, les femmes, déguisées en hommes, gagnent la majorité des postes à l'assemblée du peuple et votent des décrets qui leur assignent la gestion de la chose publique. Les biens, les terres, l'argent, sont mis en commun et partagés en fonction des besoins de chacun. Femmes et enfants appartiennent à tous. Déjà dans Ploutos, le poète comique avait imaginé une répartition égalitaire des richesses, et ici il pose en termes satiriques que la «sortie de crise» se fera par un programme ultra-communiste, politique et sexuel. «Il n'est plus question de riches ou de pauvres. L'un ne doit plus avoir de trop vastes terrains, pendant que l'indigent n'a pas assez d'argent pour se faire enterrer. Il n'est plus question que l'un soit servi par trois mille serviteurs, alors que l'autre doit compter sur son labeur».

Trois classes. L'Assembléedes femmes date de 392 avant J.-C. On ne connaît pas la date à laquelle Platon rédige sa République, mais il est vraisemblable qu'Aristophane lance ses flèches contre le philosophe grec, qui, lui aussi, a dessiné une cité idéale «communiste». Le communisme est ici ant