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Libération
Interview

«Une réponse à la propagande libérale»

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Eric Hobsbawm, historien britannique de renom, analyse le retour de l’idée communiste :
publié le 23 mai 2009 à 6h51
(mis à jour le 23 mai 2009 à 6h51)

Né en 1915, Eric Hobsbawm, le plus grand historien britannique vivant, est aussi l'un des derniers représentants de la tradition des intellectuels communistes. Il vient de publier L'Empire, la démocratie, le terrorisme (André Versailles éditeur).

L’idée communiste telle qu’elle ressurgit aujourd’hui peut-elle nous aider à comprendre et à transformer le monde ?

Je ne crois pas. Comme programme, le communisme n’existe plus : le «socialisme réel» du bloc soviétique a été brisé et il n’y a aucune chance qu’on remette à l’ordre du jour l’idée d’une économie entièrement planifiée et centralisée. Idée qui n’avait jamais été celle de Marx. En réalité, le principal apport du communisme a été l’idée d’une avant-garde révolutionnaire : le Parti. Les partis communistes ont été des constructeurs permanents de sociétés et d’Etats. Après la guerre, le parti communiste italien, qui comptait 5 000 militants, a su en deux ans devenir un parti de centaines de milliers de personnes, capable d’attirer des millions d’électeurs. Au Vietnam, le PC, minoritaire, était structuré pour être la base de quelque chose de plus grand : une société. Mais tout cela a été rendu par des circonstances économiques et sociales qui ne sont plus.

Il n’y a pas de «retour à Lénine» en vue ?

Le libéralisme a sous-estimé les aspirations et les succès des mouvements communistes. On a voulu les jeter entièrement à la poubelle, en faire de simples excuses pour fonder des goulags. Cette mythologie, qui date de la guerre froide, n’est pas encore morte. Elle reste par exemple très vive au Parlement européen, où l’on continue de passer des résolutions contre le totalitarisme