Personne ne sortira vainqueur de cette fausse campagne européenne où il est si peu question de l'Europe - a fortiori de l'Europe des réalités et non pas de l'Europe des idéologies - mais où chacun a l'œil rivé sur la ligne tricolore du palais de l'Elysée, à l'exception de Daniel Cohn-Bendit. Personne ne sortira vainqueur, car même si l'UMP arrive en tête comme l'indiquent actuellement tous les sondages, il ne s'agira pas d'une prouesse. Certes en 2004, il y a cinq ans, le PS caracolait en tête sous la conduite de François Hollande, à des années-lumière de l'UMP (29 % contre 17 %), alors qu'aujourd'hui, il rétrograde apparemment à la 2e place. Reste que l'UMP représente à elle seule l'ensemble de la majorité présidentielle (elle fait liste commune avec le Nouveau Centre) et qu'être créditée de moins de 30 % ne constitue pas la performance du siècle. La majorité au pouvoir a souvent été minoritaire aux élections intermédiaires sous la Ve République, sans que cela soit prédictif des élections ultérieures.
Si l’UMP arrive en tête avec moins de 30 % elle ne pourra en aucun cas se déclarer victorieuse. Ce ne sera pas un vote-sanction mais ce ne sera pas un succès. L’UMP n’aura pas été devancée mais n’obtiendrait ni la majorité, il s’en faudrait de beaucoup, ni un encouragement. Ce serait au mieux un match nul, d’autant plus que le parti présidentiel a organisé sa propagande autour de la sécurité, de l’immigration et de l’énergie de Nicolas Sarkozy. Michel Barn