Nous sommes nombreux à avoir porté le rêve d’une Europe fédérale. Nous, Français, ainsi peut-être qu’une majorité de la population des pays fondateurs de l’Europe, afin de renouer avec nos passés glorieux de leadership planétaire, nous avons vu dans l’édification européenne le moyen de redonner à notre art de vivre et à notre civilisation un rôle mondial dominant. Seulement voilà, l’Europe fédérale est morte. Elle a été achevée par l’élargissement. Les «petits» pays qui ont adhéré n’ont jamais dominé le monde. Ils ne cherchent pas à se mêler des affaires du monde mais à s’en abriter. Ils n’ont que faire de notre Europe puissance.
Mais l’Europe fédérale a d’abord été tuée dès 1973, lors de l’adhésion du Royaume-Uni et du Danemark. Ces deux pays, aux nationalismes sourcilleux, ne sont pas solubles dans l’Union européenne. Ils bloquent depuis plus de trente ans toute intégration politique. C’est pourquoi les institutions européennes n’ont guère progressé vers le fédéralisme, et que l’Europe n’a jamais pu intervenir dans les politiques qui relèvent du cœur de l’identité nationale - l’éducation, la Sécurité sociale, le droit de la famille, ou encore les politiques culturelles - et moins encore se doter d’une politique étrangère complète et vraiment commune ni d’une politique et de forces de sécurité. L’affaire est cuite. Mais il y a peut-être un autre scénario.
L’Europe a consacré son énergie à tenter de débloquer ce qui ne marche pas, l’approfondissement politique, et à ignorer ce