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Libération
TRIBUNE

L’Europe d’aujourd’hui se dresse contre l’Europe de demain

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publié le 2 juin 2009 à 6h52
(mis à jour le 2 juin 2009 à 6h52)

c'est le buzz médiatique de la campagne : ces élections européennes seraient sans enjeu. Rien n'est plus faux. L'Europe tente, depuis vingt ans, de briser le tabou fédéral fédéral. Et cette longue bataille est sur le point de se dénouer. L'Europe fédérale, c'était le rêve des pères fondateurs, au sortir de la guerre. En 1954, ce rêve échoue avec l'enterrement de la Communauté européenne de défense, repoussé par la coalition des souverainismes. Cinquante en plus tard, en 2004, l'Europe tente à nouveau de franchir le Rubicon fédéral, avec le traité constitutionnel. Nouvel échec. Mais ce n'est plus la faute des souverainismes : ils ont reflué. C'est la faute de l'Europe. La faute, d'abord, des fondateurs de l'Europe : c'est le «paradoxe Monnet». Face à l'impossibilité de faire la «révolution fédérale» ex nihilo, le coup de génie des pères fondateurs, Jean Monnet et Robert Schuman en tête, est de concevoir une construction européenne en deux temps : une première étape technique, avec la Communauté économique européenne, permettant de créer la confiance mutuelle, les solidarités, pour basculer un jour, dans une seconde étape politique, vers l'Europe fédérale. L'Europe technique s'incarne dans la Commission, «gouvernement» de l'Europe sans responsabilité démocratique devant les citoyens.

Cet arrangement institutionnel est acceptable tant que les compétences transférées à l’Europe demeurent limitées. Mais au fil du temps, elles sont devenues de plus en plus