Première secrétaire du PS, Martine Aubry explique les enjeux du scrutin européen et évoque l’après-8 juin.
Comment expliquez-vous la désaffection qui entoure la campagne ?
D’abord, parce que l’Europe a profondément déçu. Nos concitoyens l’ont plus perçue comme un problème que comme une solution. Et parce que nous n’assistons pas à une campagne projet contre projet. Les socialistes sont d’ailleurs les seuls à porter un projet fort et ambitieux pour l’Europe, qu’ils partagent avec les 26 autres partis socialistes et sociaux-démocrates des 26 autres pays européens. En face, la droite avance masquée et emploie des mots flous ou doux pour cacher la poursuite de sa politique libérale, comme par exemple la privatisation de la santé. C’est ce qu’elle fera en Europe si elle n’est pas sanctionnée le 7 juin. Mais c’est aussi un nouveau tour de vis social en France qui se prépare : travail le dimanche, augmentation des franchises médicales, nouvelles attaques sur les retraites, privatisation des services publics…
La crise, paradoxalement, ne favorise pas la social-démocratie européenne…
Nous n’avons pas la campagne que nécessiterait cette crise et que mérite l’Europe. Et pourtant deux modèles s’affrontent bien ! Pour l’UMP et ses alliés du PPE, l’Europe n’est qu’un grand marché qui met tout en concurrence, non seulement les biens, mais aussi les services collectifs, les territoires et même les personnes. Pour nous, c’est une grande aventure humaine porteuse de paix, de progrès social et de démocratie. C’est cette Europe que nous voulons retrouver, et pour cela, il faut un changement de majorité au Parlement européen. Voilà l’