Bernard Poignant, maire socialiste de Quimper, a décidé de ne pas se représenter après deux mandats de député européen, préférant, à 63 ans, laisser la place à la relève. Il revient pour Libération sur ces dix années passées à Strasbourg.
1999 : la première fois
«Rentrer dans un hémicycle, c’est comme l’amour, il y a la première fois. 1999, c’est l’année de l’inauguration du bâtiment de Strasbourg. C’est grand. Il n’y avait que quinze pays à l’époque. La taille de l’hémicycle est impressionnante. La couleur aussi. C’est bleu, pas rouge, comme à l’Assemblée nationale. Je me souviens m’être dit : "Putain, tous ces gens-là se sont fait la guerre, se sont un jour entre-tués. Sauf les Danois peut-être."
«Je peux vous dire qu’à ce moment-là, quand vous entrez pour la première fois dans l’hémicycle, ce n’est pas l’Europe budgétaire, bureaucratique, que vous rencontrez. Vous êtes dans l’histoire de l’Europe. Je me souviens aussi avoir rencontré, au sein de la commission pêche, un député portugais qui nous a expliqué qu’il avait été en prison pendant sept ans sous Salazar. Là encore, vous vous dites que ce n’est pas une Europe des directives inutiles qui est en train de se construire.
«Après, la routine s’installe, on s’habitue aux casques, car le député européen est un député casqué, à cause des traductions. Sans casque, vous êtes physiquement présent, mais linguistiquement absent.
2000 : une visite bizarre
«Je me souviens du président du Parlement européen disant : "La parole est à M. de Gaulle." C’était le petit-fils de, é