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Libération
Interview

«L’instant est grave : c’est la disparition que nous risquons»

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Gauche . Pour Manuel Valls, l’offre et le langage du PS sont dépassés :
Le député-maire d'Evry (Essonne) Manuel Valls à Paris, le 22 novembre 2008 (Gonzalo Fuentes / Reuters)
publié le 12 juin 2009 à 6h51
(mis à jour le 12 juin 2009 à 6h51)

Pressenti pour intégrer l'équipe de direction «resserrée» censée être mise en place après la déroute européenne du Parti socialiste, Manuel Valls livre son analyse du scrutin et pose ses exigences.

Comment expliquer l’ampleur de la débâcle du 7 juin ?

Il y a d'abord la crise profonde de la social-démocratie et notre déphasage avec la société du XXIe siècle. Nous avons mené une campagne médiocre, sans accoucher d'une seule idée ou d'un seul slogan, passant du vote sanction contre Sarkozy et Barroso à une tentative, en fin de campagne, de mettre l'accent sur des propositions. Et nous avons, en face, un Nicolas Sarkozy expert en communication qui réussit à imposer l'idée qu'une UMP en tête serait une victoire.

Dans quelle mesure l’argument du «vote sanction» a-t-il joué contre le PS ?

J’ai déjà dénoncé le fourvoiement stratégique de l’antisarkozysme, dont Bayrou a d’ailleurs lui aussi été victime. Cette stratégie affaiblit la crédibilité du PS en l’obligeant à l’outrance et au conservatisme et grandit le personnage de Sarkozy en le mettant au centre de chaque débat.

Pourquoi la question des responsabilités a-t-elle été si vite évacuée ?

Dans toute démocratie, après une défaite, le chef de parti et son équipe partent, ou sont débarqués. Le problème, c’est qu’aujourd’hui une solution de ce type ne servirait, hélas, plus à rien. Les causes sont trop profondes et tiennent à notre incapacité à mettre en œuvre ce que nous ressassons après chaque défaite…

Car, au fond, ce n’est qu’une défaite de plus…

Mais c’est la première fois depuis 1969 que nous passons sous la barre des 20 % en étant depuis plus de sept ans dans l’opposition ! C’est pourquoi l’instant est grave. Si nous pensons qu’il s’agit encore d’un accid