Nicolas Sarkozy exploite son œuvre. Pour la première fois sous la Ve République, un chef de l'Etat va s'exprimer directement devant les parlementaires. Le 22 juin, les 907 députés et sénateurs, ceux du moins qui accepteront d'être présents, se réuniront à la demande de l'Elysée en Congrès à Versailles pour écouter un discours solennel du Président. Le corps législatif, assis silencieux dans l'hémicycle de l'aile gauche du château de Louis XIV, face au représentant en chef de l'exécutif, debout à la tribune exposant sa vision européenne, économique et sociale, le symbole est fort. Telle scène, qui aurait été inconcevable avant la révision de la Constitution votée le 21 juillet 2008, en dit long sur l'évolution des institutions françaises.
En arrachant ce droit aux congressistes l’été dernier, Nicolas Sarkozy nourrissait son rêve de grandeur : après tout, personne ne trouve rien à redire à ce que le président des Etats-Unis discoure devant le Congrès américain. Alors pourquoi pas lui ? Les mois précédents la révision de la Constitution, la polémique a fait rage. Pour cause : la séparation des pouvoirs en France n’a rien de commun avec ce qui existe outre-Atlantique. Ici, l’exécutif est en mesure d’imposer sa loi au Parlement et notamment aux députés de la majorité, dont l’élection est étroitement liée à celle de la présidentielle. Là-bas, les deux corps ont leur autonomie propre.
Les mauvais coucheurs, socialistes en tête, s'inquiétaient aussi du mauvais sort fait au