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Libération
EDITORIAL

Soupçons

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publié le 20 juin 2009 à 6h51
(mis à jour le 20 juin 2009 à 6h51)

La corruption, cette plaie millénaire des systèmes de pouvoir, qu’on considère parfois avec une cynique indulgence, n’est pas seulement une atteinte aux principes de rectitude des individus et de neutralité de l’Etat. Elle voisine aussi avec la violence. L’argent noir, souvent, prend la couleur du sang.

Dans cette affaire de Karachi, nous en sommes pour l'instant au stade des accusations et des démentis et non à celui des preuves. Les uns affirment que la mort de onze Français en 2002 est le résultat du non-paiement par la France de pots-de-vin promis à des militaires pakistanais. Le président de la République a déclaré qu'il jugeait cette hypothèse «grotesque».

Pourtant des éléments troublants, divulgués par des avocats, implicitement confirmés par des juges, corroborés sur certains points par nos informations, laissent à penser que l’attentat Karachi est lié à une affaire de commissions occultes.

Certes, on ne saurait vraiment reprocher à un gouvernement français de refuser de payer des émoluments secrets à des intermédiaires véreux. Sauf si cette décision, loin d’être un acte de vertu soudaine, découle d’un affrontement impitoyable entre deux fractions de la droite, chiraquienne et balladurienne, dans lequel les uns cherchent à couper aux autres leur financement noir. Car dans ce cas, la mort de nos compatriotes serait le résultat lointain et inattendu de la corruption politique qui sévit trop souvent dans la démocratie française. Pour lever les soupçons, il est ind