C'est la crise qui a fait le bonapartisme de Nicolas Sarkozy, c'est la crise qui évaluera son consulat en fin de mandat, le congrès de Versailles en a été la démonstration même. Sur le plan institutionnel, point de doute : jamais la concentration et la personnalisation du pouvoir n'ont été aussi minutieusement mises en scène depuis le début de la Ve République, jamais d'ailleurs un chef de l'Etat républicain français n'a assumé et commenté à ce point son propre pouvoir depuis Adolphe Thiers. Nicolas Sarkozy avait absolument tenu à pouvoir s'exprimer devant le Parlement. Ce que le général de Gaulle avait tenté en vain d'obtenir, il y est parvenu grâce à la réforme constitutionnelle aux forceps de l'an dernier. Le discours du lundi 22 juin restera moins par son contenu que par sa symbolique : il incarne l'achèvement de la présidentialisation de la Ve République. C'est le Président en personne qui présente l'action à venir du gouvernement pour les trois dernières années du quinquennat. Malgré le remaniement, François Fillon ne prononcera pas de discours de politique générale. Il n'y a décidément pas de dyarchie à la tête de l'Etat. Consulat.
La méthode, inspirée par le tempérament de Nicolas Sarkozy et imposée par la crise, va dans le même sens : stratégie du mouvement, réformiste à tous crins au son des tambours et des trompettes, réactivité proclamée, volonté de prendre sans cesse l’initiative, de surprendre, de déstabiliser l’adversaire. La crise a jeté