La passe d'armes, par lettres ouvertes interposées, entre Martine Aubry et Manuel Valls sur le thème «le PS tu l'aimes (tel qu'il est…) ou tu le quittes», témoigne, au choix, d'un utile rappel à la discipline de parti de la part de celle qui en a la charge au moment où chaque dirigeant socialiste semble tenté par le grand large de la candidature à la candidature présidentielle, ou d'un geste de total désespoir de la part d'une direction aux abois, à la fois mal élue (à Reims) et impuissante à redresser le lent naufrage du radeau de Solférino. Il s'agit, sans doute, un peu des deux. Les socialistes n'avaient certes pas besoin d'ouvrir ce énième chapitre de «Suicide d'un parti» et, bizarrement, de prendre un soin si méticuleux à le mettre en une des journaux, alors même que des vacances bien méritées s'annonçaient, après une nouvelle annus horribilis au PS.
On peut, sans pour autant partager ni l’appétit médiatique ni le goût pour la provocation d’un Manuel Valls, aussi prompt à parader à la garden-party élyséenne de Nicolas Sarkozy qu’à changer de position sur le référendum européen de 2005, se demander si le coup de menton en forme d’ultimatum de Martine Aubry n’est pas contraire non seulement à la tradition pluraliste du socialisme français mais encore à l’état et à l’intérêt du PS tel qu’il est aujourd’hui.
Le PS est un parti pluraliste. Pas seulement depuis sa «refondation» en 1969-1971, mais dès l’origine, lorsqu’en 1905 les différentes familles socialistes ont ét