Pour Jean-Christophe Alquier, président d'Harrison and Wolf, l'une des principales agences de communication institutionnelle françaises, il est impératif pour l'Elysée de fabriquer «une opinion publique univoque» pour asseoir sa légitimité et imposer sans secousse des décisions discutables aux citoyens.
Quand l’Elysée paye des sondages servant ses intérêts, dont une partie se retrouve dans le Figaro ou sur LCI, y a-t-il, selon vous, volonté de manipuler l’opinion ?
«L’opinion publique» n’existe pas en soi. Or, dans notre société de communication, c’est un impératif du pouvoir que de la faire exister. Les sondages sont là en partie pour ça. Cette «opinion publique», abstraction qui «parle» grâce aux pourcentages des études, est peu à peu devenue une source de légitimité des pouvoirs politiques modernes. C’est qu’entre deux élections, le pouvoir a besoin de reconstruire en permanence une légitimité potentiellement mise à mal par l’actualité. Par ailleurs, il ne faut pas oublier que les sondages sont devenus un gimmick éditorial pour la presse. Médias et pouvoir font ainsi exister une demande politique et sociale claire et univoque, alors que la réalité est souvent un peu plus complexe et ambivalente.
Au-delà des sondages de popularité ou d’image, la stratégie de communication de l’Elysée intègre-t-elle les desiderata des lobbys ?
L’Elysée dialogue de fait en permanence avec les intérêts socio-économiques, et c’est indispensable. Ce dialogue porte aussi effectivement sur les objectifs et les formes de la communication qui permettra de préparer les citoyens aux arbitrages des politiques publiques. L’agenda du pouvoir n’est pas forcément en phase avec celui des lobbys. Mais quand c’est le cas, les deux parties ont intérêt à s’entendre.
Vous dites qu’on demande aujourd’hui aux lobbyistes de «faire une opinion publique». Que voulez vous dire concrètement ?
Dans une démocratie d’opinio