Professeur de science politique à Lille-II et auteur de la Société des socialistes (1), Rémi Lefebvre revient sur les maux roses.
Le PS est-il mort, comme l’affirment ces jours-ci socialistes et observateurs ?
Il y a certes dérèglement, décomposition. Mais le diagnostic vital n’est pas engagé. On a d’ailleurs tort de comparer le PS à la SFIO des années 1960 : le PS a beaucoup plus d’élus que n’en avait la SFIO. Voilà pourquoi il s’agit, plutôt que de mort, d’un excès de croissance au niveau local. Le centre, la rue de Solférino, a été complètement anesthésié, cannibalisé au profit des périphéries. Les notables, aujourd’hui, tiennent le parti.
A chaque socialiste son écurie ou son club… Pourquoi un tel degré de fragmentation ?
Les courants, autrefois, s’adossaient à des cultures politiques, à des sensibilités, à des sociologies différentes. Aujourd’hui, les coteries fleurissent dans l’indistinction idéologique. Chacun essaie de créer sa petite boutique. Cette dérive individualiste est le fruit de la désidéologisation.
La question du leadership est-elle au fondement de cette situation ?
L’absence de leadership ne constitue que le symptôme de la décomposition de l’organisation. Le PS est dans une telle désespérance qu’il sombre dans le mythe de l’homme providentiel, alors que jusqu’ici la culture parlementaire socialiste restait méfiante à l’égard du chef, et que la culture bonapartiste était l’apanage de la droite. Reste qu’après l’ère Hollande, une période de non décision totale, il y a un déficit d’autorité. Toute décision prise par Martine Aubry est vouée à ne pas être acceptée. Ou alors à être taxée d’autoritarisme.
Dans ce contexte, comment apprécier la lettre de Martine Aubry à Manuel Valls ?
Dans une démocratie médiatique, et surtout face à un exécutif sarkozyste percutant