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TRIBUNE

Joachim Gatti, une bavure insupportable

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par Jean-Pierre Chrétien, directeur de recherches émérite au CNRS et Zacharie Bukuru, supérieur du monastère bénédictin de Buta (Burundi), ancien recteur du petit séminaire de Buta
publié le 27 juillet 2009 à 6h52
(mis à jour le 27 juillet 2009 à 6h52)

Le 8 juillet dernier, Joachim Gatti a perdu un œil durant une manifestation pacifique à Montreuil-sous-Bois, près de Paris.

Une dépêche étrangement «informée» de l'AFP le présente comme un jeune squatter violent, «tirant des projectiles sur les policiers». Nous connaissons Joachim Gatti depuis longtemps. Il n'est pas seulement le petit-fils du grand dramaturge Armand Gatti. Il a 34 ans, il est lui-même un créateur, un réalisateur de films. Il est surtout un homme de paix et de dialogue, lucide sur les dégâts de l'injustice et de la violence aveugle. Nous l'avons connu en 2001 et 2002 quand il a séjourné durant six mois au séminaire de Buta, en plein cœur du sud du Burundi, pour réaliser le film Magume («crise»).

Son projet n’était pas folklorique. Quelques années plus tôt, en 1997, au cours de la guerre civile qui déchirait ce pays, un groupe armé avait attaqué le séminaire et avait obligé les élèves à se répartir entre Tutsis et Hutus, les premiers devant être tués et les seconds enrôlés dans la rébellion.

Devant leur refus, les assaillants avaient massacré quarante jeunes séminaristes. Ces derniers sont vite apparus comme les martyrs d’une cause où l’amitié et la foi se rejoignaient. Buta est du coup devenu un haut lieu de la réconciliation.

Joachim Gatti conçut le tournage de son film comme un moment et un lieu de réflexion et de discussion entre les élèves hutus et tutsis de cet établissement, quatre ans après le drame. Les amenant à mettre sur la table leu