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Libération
EDITORIAL

Magie

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publié le 15 août 2009 à 6h51
(mis à jour le 15 août 2009 à 6h51)

Oser le grand écart sans tomber dans le ravin existentiel assez vain d’un Woodstock 2009. Tirer un trait entre une année érotique et une année pas franchement bandante. 1969-2009. Woodstock, festival charnière, ferme d’une certaine manière les révolutions politiques, sociales, culturelles et sexuelles des années 60. La crise économique actuelle ferme la porte à la révolution libérale. Ou plutôt le devrait. Et c’est là toute la différence. Car si personne ne peut sérieusement contester que les années 60 ont changé le monde, il est malheureusement peu probable que du chaos économique planétaire d’aujourd’hui sorte un autre monde. Il est au contraire à craindre que passé le pic de la crise, tout repartira, en 2010, en 2011, comme avant. Les puissances économiques et financières en tout cas s’y emploient. Et elles n’ont face à elles aucune jeunesse capable de leur montrer ses fesses, d’opposer à leurs bilans bancaires et autres plans sociaux une utopie de remplacement. La magie des années 60 fut de marier les idéologies collectives à la libération individuelle. L’individu roi bouche aujourd’hui l’horizon de nouvelles ambitions collectives. C’est le nœud dans lequel s’étrangle la gauche depuis des années. La campagne de Barack Obama a, de ce point de vue, constitué un tournant que le président américain doit encore concrétiser dans l’exercice du pouvoir. Les gauches européennes, et particulièrement en France, elles, peinent à ressortir de leur chapeau une pensée qui marie la carp