Chacun dans l'espace public a le droit de présenter sa défense. Même les ministres… Libération a donc demandé, comme aurait pu le faire tout autre journal d'information, à Brice Hortefeux de s'expliquer sur les propos par lui tenus devant les militants UMP et répercutés, à l'origine, par le site Internet du Monde. Le ministre nie avoir explicitement désigné un quelconque groupe dans sa (mauvaise) plaisanterie. Au pied de la lettre, c'est exact. Chacun pourra toutefois se reporter à la bande-vidéo ou à sa transcription pour se faire son opinion, qui sera probablement différente.
On entend bien qu’on ne saurait désormais pratiquer, dans la vie courante ou en politique, une sorte de police du langage qui interdirait tout écart, tout relâchement, toute sortie humoristique, serait-elle de mauvais goût, dès qu’il s’agit de telle ou telle minorité ou de tel ou tel groupe. En régime démocratique, le comportement quotidien doit disposer d’un certain jeu, faute de quoi la liberté de parole serait partout et en tout lieu une liberté surveillée.
Mais ce qu'il est convenu d'appeler le «politiquement correct» n'est pas seulement une exagération militante des règles de la bienséance langagière. Son développement traduit aussi un progrès : toute minorité, notamment quand elle a été longtemps victime de discrimination, exige, à juste titre, le respect. C'est une marque de liberté que de s'autoriser toutes les provocations ou toutes les formes d'humour. Mais c'est une marque d