Dans l’affaire Brice Hortefeux, il n’y a qu’une victoire, celle des vidéos, et qu’un triomphe, celui d’Internet. Une fois de plus, la Toile a imposé son règne. Désormais, il se trouve toujours une caméra, un mobile, un appareil numérique pour saisir une scène, pour enregistrer une séquence ou une phrase, pour intercepter un geste, une mimique, un mot, un regard. En l’occurrence, il ne s’agissait ni d’une équipe d’amateurs, ni d’images volées. Très souvent, qu’il s’agisse d’un fait divers, d’un accident, d’une rixe, d’une bavure, d’une catastrophe naturelle, du propos d’un politique, d’un artiste, d’un policier ou d’un quidam, un témoin se trouve là, à sa fenêtre, à la table d’à côté ou dans sa voiture. Il enregistre et il diffuse. Il n’y a plus de geste sans image, de phrase sans son.
Dès que la photo, la séquence ou la boutade se retrouve sur Internet, c’est aussitôt la fièvre, la théâtralisation, la contagion, la dénonciation, le scandale, la polémique. La mince cloison entre vie privée et vie publique s’est effondrée. La technologie permet à chacun de se métamorphoser en reporter d’un instant. La vidéo se rue sur Internet et déferle sur l’information, sans réflexion, sans recul et sans frein. C’est de l’information sauvage, du journalisme barbare, de la traque totale. Cela vise et touche indifféremment coupables et innocents, politiques et citoyens.
Nous n’en sommes qu’au début mais déjà tout est joué : le mobile photographe couplé avec la vidéo reporter assurent le despoti