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Libération
TRIBUNE

L’abstention est-elle une maladie de nantis ?

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Modérateur Antoine de Tarlé, «Ouest-France»
par
publié le 18 septembre 2009 à 0h00

DENIS MUZET Sociologue, président de l'Institut Médiascopie

Non. Les abstentionnistes sont des êtres sains qui revendiquent un droit d'absentéisme, le droit de ne pas répondre quand on les appelle. L'abstention vient d'un défaut de sens de l'acte de voter. Le citoyen se met en retrait. Certains, par principe de précaution, disent que voter est trop sérieux pour le faire sans savoir. L'abstention n'est pas une «maladie de nantis» quand la volonté d'expression citoyenne se réalise autrement : manifestations, sondages, forums… D'ailleurs, c'est moins dans les urnes que dans les médias que se font les réputations. Sous Sarkozy, les gouvernements répondent à un casting médiatique. Dans nos démocraties, la représentation médiatique se substitue à l'élective. Storytellers électoraux, les médias jouent un rôle essentiel dans la mobilisation. C'est parce que les enjeux d'un scrutin sont tus que l'abstention se développe. Le scrutin européen a montré la nécessité, pour mobiliser, d'un récit transfrontalier. Les électeurs écologistes ont vu ce récit global qui donnait un sens à l'acte de voter.

HENRYK WOZNIAKOWSKI Président des éditions Znak

Si l'abstention électorale est une maladie, qui touche-t-elle ? La société des électeurs, le système électoral ou bien le système politique ? Selon les théories, la participation électorale est le comportement politique essentiel de la part de demos. Ces théories ne nous donnent pas de réponse clai