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Libération

Les Caldoches traquent les Kanaks

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Dans les archives de «Libé». Trois ans avant Ouvéa, la journée du 8 mai 1985 à Nouméa, bastion des anti-indépen-dantistes depuis des mois, marque un durcis-sement des affron-tements en Nouvelle-Calédonie.
par Florise Marco, correspondante à Nouméa ("Libération" du 9 mai 1985)
publié le 19 septembre 2009 à 0h00

Parce que les militants kanaks se rassemblaient place des Cocotiers et que le RPCR était décidé à faire interdire toute manifestation indépendantiste à Nouméa, la ville a basculé dans l’émeute, à caractère plus racial que politique. Bilan, un mort mélanésien et une centaine de blessés.

8 heures. Les anciens combattants ont le sourire. Edgard Pisani [délégué au gouvernement de Michel Rocard, ndlr] n'est pas venu au monument aux morts pour la cérémonie du 8 mai, ce mercredi, le préfet, Christian Blanc, l'a remplacé. Certains sont presque déçus, ils avaient déjà décidé qu'ils ne lui serreraient pas la main. Mais du côté du Haut Commissariat, on craignait plus que cette demi-provocation. «Des tomates sur son uniforme blanc, cela aurait fait mauvais effet», commente un proche. On attend que le préfet soit parti pour hurler un traditionnel : «Pisani, fous le camp !» A 500 mètres de là, sur la place des Cocotiers, quelques membres du Palika, la fraction la plus dure du Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS), s'installent dans l'herbe.

9 h 30. Quelques officiers en uniforme qui ont décidé de sécher la messe, prennent leur petit déjeuner à la terrasse du Café de Paris. Le commissaire Valier a lui aussi l'uniforme des grands jours. Il n'aura pas le temps de l'enlever. Les manifestants de Palika, rejoints par quelques membres du syndicat indépendantiste de l'USTKE, déploient leurs banderoles : «Mitterrand