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Libération

La bluette de Valéry Giscard d’Estaing

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publié le 1er octobre 2009 à 0h00

Valéry Giscard d'Estaing n'a jamais eu le sens du ridicule. Président de la République, c'était déjà l'une de ces faiblesses qui lui ont coûté terriblement cher, créant et alimentant un sentiment de distance, d'artifices, de décalage croissant avec l'opinion. Ses intentions n'étaient pas mauvaises, la symbolique était consternante. A l'aise dans les grandes occasions, lucide devant les choix difficiles, l'Auvergnat le plus célèbre de France trébuchait sur des initiatives incongrues ou des expérimentations qui donnaient lieu à autant de contresens, hautain quand il fallait être simple, affecté lorsqu'il aurait dû être naturel. Sa grande intelligence était handicapée par une sensibilité rococo. L'âge ne l'a pas assagi, comme en témoigne l'extravagante bluette qu'il vient de publier sous le titre digne d'une arlequinade : la Princesse et le Président (XO-De Fallois).

Comment diable un homme d'Etat peut-il se fourvoyer à ce point en écrivant un roman pseudo-sentimental à côté duquel Guy Des Cars passe pour un nobélisable et Barbara Cartland pour une nouvelle Madame de Lafayette ? Si l'ex-président de la République était un personnage médiocre ou un auteur frustré, cela se comprendrait. Il n'en est rien. Giscard (comme il déteste qu'on l'appelle) a réussi en 1974 la campagne présidentielle la plus étincelante de la Ve République. Il a, au début de son septennat, modernisé la société française d'une manière qui, tôt ou tard, réhabilitera son mandat. Il a dû fair