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Libération
EDITORIAL

Embarras

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publié le 8 octobre 2009 à 0h00

Que dire des déclarations du général Rondot sinon qu'elles sont troublantes ? Dominique de Villepin nie avoir «participé à l'affaire Clearstream», ce qui aurait «signé sa mort politique». La défense est légitime mais objectivement faible. En face de lui, en effet, on trouve un militaire plutôt raide dont on se demande en vertu de quelle sombre arrière-pensée il aurait pu inventer les éléments dont il fait état. Ses carnets n'étaient en rien destinés à la publication et devaient tomber dans le trou noir des affaires de services secrets. Ce qu'on y lit, la manière dont leur auteur s'en explique, le contenu de ses déclarations au tribunal, tout cela exhale un parfum d'authenticité. Or, sur plusieurs points importants, le général contredit directement le plaidoyer de l'ancien Premier ministre. Selon Rondot, Dominique de Villepin a participé au-delà des dates qu'il indique au déroulement de l'affaire. Cette simple accusation est fort embarrassante : elle suggère que celui qui était à l'époque au plus haut niveau du pouvoir politique occulte une bonne partie de sa responsabilité. Est-il pour autant coupable ? La preuve définitive, pour le coup, manque toujours. Le même général ne croit pas que l'adversaire de Nicolas Sarkozy ait forcément su que les listings Clearstream étaient faux ; dans ces conditions, l'incrimination de «dénonciation calomnieuse» n'est pas établie. Si l'on suit Rondot, Villepin a manœuvré dans l'ombre mais il est étranger à la manipulation in