En 2008, le non au traité de Lisbonne l’avait emporté nettement en Irlande avec 53 % des voix ; en 2009, le oui s’est imposé massivement en Irlande avec 67 % des suffrages exprimés. Cela illustre les limites de la démocratie directe. Le référendum, qui en est l’une des armes principales, ne correspond pas à toutes les circonstances, tant s’en faut. Le traité de Lisbonne est d’une complexité redoutable. Quelques dizaines de milliers de passionnés ont sans doute, dans chaque pays, triomphé des embûches de sa lecture mais seuls les démagogues peuvent prétendre que la majorité des citoyens a pu, surmontant les arcanes du langage juridique, en démonter réellement les mécanismes et en pénétrer les desseins.
En fait, l’an dernier, les Irlandais ont rejeté ce traité pour trois mauvaises raisons et pour un souci légitime. Les activistes du non étaient parvenus à convaincre les électeurs que la sacro-sainte neutralité militaire irlandaise était menacée, que l’indépendance fiscale était remise en cause et que Bruxelles projetait de lui imposer une législation libérale sur l’avortement. Trois arguments, trois fantasmes, trois mensonges même, mais trois peurs brusquement éveillées par l’étrange et rituelle alliance entre l’extrême gauche anticapitaliste et l’extrême droite nationaliste. A quoi il fallait ajouter la crainte honorable d’une nation faiblement peuplée voulant préserver son identité. On avait déjà connu cela avec le Danemark, la Norvège et une première fois l’Irlande. L’année