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Libération
TRIBUNE

Pour sortir l’Europe du syndrome irlandais

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par Florence Deloche-Gaudez, chercheure, London School of Economics
publié le 12 octobre 2009 à 0h00

Soulagés. Les dirigeants européens pourraient l’être. Une large majorité d’Irlandais a approuvé le traité de Lisbonne, après l’avoir rejeté l’an passé lors d’un premier référendum. La perspective de doter l’Union d’un texte fondateur qui remplace le traité de Nice, et de tourner la page de la crise ouverte par l’échec du traité constitutionnel, semble à portée de main. Tout de même, n’est-il pas un peu gênant d’avoir fait revoter les Irlandais ? Ne peut-on considérer, sans être «noniste», que cette pratique mérite réflexion ?

A chaque fois que des citoyens ont majoritairement voté contre un traité, les responsables européens sont passés outre. Après le rejet du traité constitutionnel par les Français et les Néerlandais en 2005, la plupart de ses dispositions ont été reprises dans un nouveau texte, le traité de Lisbonne, ratifié par les Parlements, y compris français et hollandais. Seule l’Irlande a organisé un référendum, qui a abouti à un nouveau «non» ! Les dirigeants européens ont alors recouru à une mesure déjà expérimentée en Irlande même, en 2002, et au Danemark, en 1993 : refaire voter les électeurs sur le même texte, assorti de déclarations politiques destinées à atténuer leurs craintes.

Ces derniers jours, s’appuyant sur l’ampleur du «oui» irlandais, certains ont tenté de faire valoir que, au motif que les peuples changent d’avis, c’est les priver d’un second vote qui constituerait un déni de démocratie. Est-il besoin de rappeler qu’il est toujours demandé aux mêmes d