Apeine entamée, la deuxième décennie du règne du roi Mohammed VI s'annonce, hélas, menaçante et hautement hostile à l'égard de la presse indépendante. En quelques mois, la période de grâce est semble-t-il devenue caduque, et les attaques contre les journaux se sont intensifiées sous divers prétextes, réels ou imaginaires. Ainsi, après les amendes disproportionnées, les saisies arbitraires et les interrogatoires musclés, l'apogée de cet acharnement s'est conclu il y a quelques jours avec l'interdiction brutale du quotidien indépendant Akhbar al-Youm, et la fermeture de ses locaux à Casablanca à cause de la publication d'une malheureuse caricature sur le récent mariage du prince Moulay Ismaïl, le cousin du roi. Le ministère de l'Intérieur s'est empressé d'accomplir cette obscène exécution sommaire sans le moindre procès ni justification légale et, surtout, dans le non-respect le plus total des lois en vigueur.
Que cette presse marocaine indépendante dont la naissance est liée intrinsèquement à l’avènement du jeune roi et la fameuse «nouvelle ère» soit trébuchante ou maladroite, parfois, n’est pas une raison pour la balayer d’un coup de revers répressif. Cette presse est à l’image du pays. Un Maroc bouillonnant qui patauge entre le modernisme et l’archaïsme d’antan. Un Maroc qui se cherche malgré les paradoxes criants qui l’enchaînent et l’empêchent d’aller de l’avant. Au milieu de ces «Marocs-là», cette jeune presse, arabophone et francophone, a très vite démontré son