Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot, époux et sociologues, scrutent depuis vingt ans les us et coutumes des beaux quartiers. Seuls dans leur catégorie («Il est plus facile d'étudier la reconversion des ouvriers licenciés de Michelin que d'enquêter sur la famille Michelin», disent-ils), ils ont écrit à quatre mains une quinzaine de livres sur la grande bourgeoisie et les classes dominantes (1). Agés de 67 et 63 ans, retraités depuis peu du CNRS, ces sociologues sont arrivés sur les terres politiques et familiales de Nicolas Sarkozy, à Neuilly-sur-Seine, Hauts-de-Seine. A l'heure où Jean, le fils, a décidé d'abandonner (provisoirement) sa course à la tête de l'Epad, mais compte bien poursuivre sa carrière politique, ils décryptent comment la dynastie Sarkozy veut s'appuyer sur ce département pour prospérer.
En propulsant son fils Jean, quelle est l’ambition de Nicolas Sarkozy dans les Hauts-de-Seine ?
Monique Pinçon-Charlot : Nicolas Sarkozy est dans la constitution d'une dynastie élargie. Il a inscrit toute sa vie dans un système de témoins, de parrains et de marraines illustres. Il s'est marié trois fois avec toujours des témoins célèbres, comme Charles Pasqua lors de sa première union, en 1982, à la mairie de Neuilly. Quelques années plus tard, il a choisi son ami Brice Hortefeux comme parrain de son deuxième fils Jean. Aujourd'hui, Isabelle Balkany se dit la «marraine» en politique de Jean. Nicolas Sarkozy est en train de créer sa «famille» dans les Hauts-de-Seine, au sens propre comme au sens figuré.
Mais qu’est-ce qu’une dynastie ?
Michel Pinçon :