Si nos panélistes s'accordent à juger qu'«on ne peut pas accueillir toute la misère du monde», le procédé consistant à renvoyer des migrants à Kaboul en charter choque pour ce qu'il a de «contraire à la dignité humaine». Mais, s'il n'est pas accepté, c'est aussi pour des raisons de fond. Une connexion s'établit entre ce charter et une autre réalité : l'envoi de nos soldats en Afghanistan.
Nos panélistes ne comprennent pas comment on peut, d'un côté, justifier notre présence là-bas par le soutien à la population et, de l'autre, renvoyer ces hommes dans le chaos de la guerre. Mais une autre contradiction surgit : «Je ne comprends pas très bien, explique une mère. Nous, on envoie des militaires pour essayer d'obtenir la paix dans ce pays, et eux, ils abandonnent leurs familles et s'enfuient ? Au lieu de venir chez nous, il vaudrait mieux qu'ils se battent et aient le courage de défendre leur pays !»
Ainsi, le chassé-croisé de ces flux migratoires - soldats dans un sens, clandestins dans l’autre - est un défi à l’entendement. Cela nous rappelle qu’un fait d’actualité n’est jamais appréhendé de façon isolée ; dans notre perception mosaïque du monde, il est toujours relié à d’autres faits, présents dans la «mémoire vive» du consommateur de médias, qu’ils aient un rapport direct avec lui ou non. Ainsi le sujet des fichiers de renseignement de police est-il considéré à la lumière des violences à Poitiers, les deux sujets se renforçant mutuellement :