Le socialiste Manuel Valls, 47 ans, est député et maire d’Evry (Essonne).
Des élus veulent réglementer le cannabis pour couper le trafic qui pourrit la vie de certains quartiers. Qu’en pensez-vous ?
La consommation de stupéfiants alimente l’économie souterraine, nous sommes tous d’accord sur ce constat. Ce n’est donc pas un débat entre les sécuritaires et les angéliques. Ce qui nous inquiète avant tout, c’est la consommation de cocaïne et de crack, la mise en coupe réglée de quartiers entiers par des trafiquants et des voyous. Portons ce débat sur la place publique. Mais il ne faut pas dissocier la question de la sécurité de celle de la santé publique. De nombreux faits de violence sont liés à ce trafic. Et l’usage du cannabis a explosé ces dernières années - 60 % des jeunes de 19 ans l’ont expérimenté. Au-delà des effets néfastes pour des milliers d’entre eux, le cannabis est à l’origine de 230 décès sur les routes annuellement. Il occasionne un risque de cancer six fois plus important que la cigarette. Ne nions pas cette réalité.
Daniel Vaillant, qui a été ministre de l’Intérieur, défend une approche pragmatique…
Daniel Vaillant a le mérite de chercher une solution. Mais je suis totalement en désaccord avec sa proposition de légalisation de la consommation de cannabis. C’est une fuite en avant. Je suis frappé par l’échec des expériences menées aux Pays-Bas et en Espagne, où la banalisation a entraîné un appel d’air avec, au final, une augmentation de l’usage de drogues par les adolescents.
Vous pensez que l’interdit est efficace en terme de prévention ?
Je ne peux pas accepter l’idée que l’Etat, impuissant face à l’augmentation de la consommation d’un produit illicite, se résigne à en organiser le commerce. C’est déjà le cas avec le tabac et l’a