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Libération
Interview

Faut-il autoriser les drogues douces? «Oui, la situation actuelle est hypocrite»Stéphane Gatignon. Maire (PCF) de Sevran

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publié le 26 octobre 2009 à 0h00

Communiste, Stéphane Gatignon, 40 ans, est maire de Sevran (Seine-Saint-Denis).

Pourquoi défendez-vous la dépénalisation des drogues douces ?

Le marché des drogues douces concerne près de quatre millions de personnes en France et il ne cesse de croître. Les sommes brassées par le trafic sont colossales et font vivre des quartiers entiers. Quant aux dealers, ils sont de plus en plus organisés. On n’a pas affaire à de petits trafiquants, mais à de véritables réseaux. Je pense qu’il faut en finir avec la situation hypocrite dans laquelle nous sommes où, sous couvert de prohibition, on a une dépénalisation de fait. Aujourd’hui, à moins de se promener avec de grosses quantités, on ne risque presque rien. Les dealers le savent et en jouent, rendant le travail de la police très compliqué.

Pourquoi ne pas préférer une répression accrue ?

Je ne crois pas qu’on s’en sortirait, étant donné le nombre de consommateurs et l’ampleur des réseaux. Mais si le cannabis doit rester interdit, il faut un durcissement des sanctions. Cet entre-deux absurde n’est plus tenable. La dépénalisation est à mon sens le moyen le plus efficace pour casser le trafic et mettre en place une réelle politique de prévention, qui n’existe pas à l’heure actuelle. Je ne suis pas angélique et j’ai conscience que le cannabis pose un vrai problème de santé publique, je pense aux accidents de la route, notamment. Pour y faire face, il faut encadrer la production et la consommation.

Quel regard portez-vous sur les expériences étrangères, là où le cannabis a été dépénalisé ou légalisé ?

A ma connaissance, il n’y a pas eu d’augmentation de la consommation en Espagne ou aux Pays-Bas. Le systè