Quand les Hauts-de-Seine se hissent à la hauteur de la Bible ! «Est-ce que j'en ai parlé au Président ? Non. Est-ce que j'en ai parlé à mon père ? Oui. Il est comme tous les pères et je suis comme tous les fils. [...] Dans des moments qui sont difficiles, nous parlons ensemble.» Isaac annonçant son sacrifice à Pujadas, pour sauver Abraham : ah le bel instantané, qui trouvera son Michel-Ange sans attendre quelques millénaires, et que l'on reverra en boucle dans d'innombrables sagas. «Le sacrifice du fils», titre Libé à la une, au lendemain de l'abdication du Dauphin Jean, en direct sur France 2. Et voilà, malgré soi, que l'identification fonctionne à plein. Et voilà un gisement, une mine entière de réminiscences confuses, d'affects plus ou moins conscients, qui viennent parasiter l'épisode politique. Nul doute que si la carrière du jeune Sarkozy se poursuit, ce «sacrifice» sera un des éléments forts de la success story.

Quelques jours plus tôt, la même chaîne, France 2, avait diffusé en première partie de soirée une émission spéciale consacrée à Ségolène Royal. Non pas à son programme, ou à ses positions contre la taxe carbone. Mais à la saga Ségo, ses relations (terribles) avec son père, sa relation (filiale et culottée) avec François Mitterrand, sa relation (conjugalo-politique) avec François Hollande. Deux heures de soif de vivre, de souffrances, de confiance en soi et d'amour. Subissant les deux émissions l'une après l'autre, on était comme pris