«La même émotion qu’une prison qu’on ouvre»
«Je me souviens très précisément du moment où le porte-parole [du comité central du SED], Günter Schabowski, faisant une conférence de presse, est interrompu par un mot qu’on lui fait passer. Il n’avait pas prévu, ne voulait pas l’annoncer là. Il le lit et là, il change complètement de ton. Les portes de l’Allemagne de l’Est seront ouvertes et tout le monde pourra aller à l’Ouest. Les gens n’ont pas attendu et les policiers les ont laissé passer.
J’étais devant ma télévision, chez moi, à Francfort, j’ai tout regardé en direct. J’ai ressenti la même émotion qu’une prison qu’on ouvre. J’ai été complètement surpris par cet événement. Le mouvement était très fort mais personne ne s’attendait à un tel coup de théâtre. Un an avant, personne n’aurait pu imaginer que l’Allemagne de l’Est allait s’effondrer comme ça, comme un château de cartes. Je suis allé à Berlin, peu de temps après, et me suis baladé un peu partout. Tout le monde se parlait, racontait. Les gens vivaient pleinement le moment. Mais il y avait une incertitude, une sorte d’anxiété, d’incrédulité comme si on allait remettre un mur. Moi, je croyais que ce serait irréversible.»
(Crédit photo: Reuters/Charles Platiau)
«Toucher l’Histoire du doigt»
Bruno Le Maire, ministre de l’Agriculture, ancien secrétaire d’Etat aux Affaires européennes. En novembre 1989, étudiant en allemand.
«J’étais en licence d’allemand, à Normale. J’ai appris la chute du Mur, en plein cours de version allemande, nous étions en train de traduire un texte de Musil.