Le 2 novembre 2009, nous avons reçu l’injonction, de la part d’un ministre de la République, de venir débattre dans les préfectures et les sous-préfectures, des «valeurs de l’identité nationale». Je ne répondrai pas à la demande d’Eric Besson. Nous assistons à la mise en orbite d’un débat qui n’en est pas un, décidé par un ministère qui incarne une forme nouvelle de politisation des institutions et du bien public, enfermant la définition de la France et des Français dans un projet autoritaire et idéologique, étouffant tout ce qu’être français recèle de spirituel, de civique, d’historique. Tout ce qu’Eric Besson nie actuellement et qu’il est nécessaire de lui dire pour le bienfait de la vie démocratique.
En l'état, le débat sur «qu'est-ce qu'être français ?» est totalement piégé. Si la question est légitime, l'inscrire dans un « grand débat sur l'identité nationale » est un procédé biaisé, qui revient à en préempter la réponse recherchée. Car l'identité nationale ne recouvre pas tout de l'identité française. Elle en est même une forme de perversion puisqu'elle transpose dans le champ des citoyens une idéologie partisane travaillée à l'extrême droite. Pourtant, le leurre a fonctionné et une large partie des commentaires a mélangé allègrement les deux expressions comme si elles étaient équivalentes. L'opinion elle-même, si l'on en croit les sondages, est tombé dane le piège. Souhaitant contribuer à l'expression du « vivre ensemble », elle a, sans s'en rendre co