Alors que le gouvernement lance un débat plein d’arrière-pensées sur l’identité nationale, l’ouvrage de Nicolas Offenstadt tombe à pic. Avec rigueur et souvent ironie, l’historien analyse les utilisations et les manipulations des commémorations et autres grandes dates par le pouvoir sarkozyste. Avec un but : créer une histoire consensuelle qui renforce l’unité nationale et par là sa propre légitimité.
A coup de héros fusillés érigés en icônes et de dates douloureuses censées illustrer la continuité de la nation, de Dagobert à nos jours, Nicolas Sarkozy invente ainsi une «histoire bling-bling», scintillante et superficielle, habitée par des people soudain surmédiatisés. Tous les présidents ont été tentés de glorifier l'histoire de France, reconnaît Nicolas Offenstadt, mais aucun n'est allé aussi loin dans son usage à des fins politiques.
Nicolas Sarkozy a deux choses en horreur : la «repentance» et les mémoires des «communautés». Elles n’aboutissent selon lui qu’à rabaisser la France. A l’inverse, son prédécesseur, Jacques Chirac, s’en était fait le champion. Il avait reconnu la responsabilité de l’Etat français dans la déportation des juifs, instauré une journée des harkis, de l’abolition de l’esclavage, etc.
Le président actuel rêve plutôt d’écrire un grand roman national. L’auteur, enseignant d’histoire à l’université de Paris-I, cite plusieurs exemples à l’appui. Parmi eux, la volonté de faire lire, chaque année dans les lycées, la lettre de Guy Môquet à la