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Libération

Jean-François Kahn et la «pensée unique»

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publié le 12 novembre 2009 à 0h00

Même passé à la politique, Jean-François Kahn ne change pas : il reste un polémiste compulsif. C'est ce qui fait son talent, c'est ce qui marque ses limites. Il est, il veut être le grand imprécateur de la presse française, l'inquisiteur auto-désigné. Il lui faut donc des cibles obsessionnelles, des ennemis jurés, des traîtres à démasquer, des nuisibles à détruire, des pouvoirs à canonner, des fausses gloires à démasquer. Pour lui, écrire c'est mitrailler, débattre c'est exécrer, réussir c'est blesser. Il vient de me consacrer deux pleines pages d'insanités dans Marianne, une place pathologiquement disproportionnée, tout au long desquelles il réinvente l'histoire à sa façon. Je l'ai toujours exaspéré, il m'a toujours horripilé, cela n'intéresserait que nous s'il ne cherchait à théoriser son éternel procès en brandissant le totem déplumé de la «pensée unique» dont je serais naturellement un symbole, lui-même s'attribuant modestement l'incarnation de la liberté de pensée et du courage démocratique.

Cette antienne de la «pensée unique» ne cesse de polluer le débat depuis une décennie. Elle est mobilisée par tous ceux qui préfèrent asséner leurs thèses qu’accepter d’être contredits. Pour eux, il s’agit d’invoquer une chape de plomb imaginaire qui interdirait toute libre confrontation, qui découragerait et asphyxierait toute opposition intellectuelle, tout pluralisme de la pensée. Ce serait l’idéologie hégémonique contre les idées libres, le monopole de l’expression publi