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Interview

Ayrault : «C’est du formatage de l’opinion à l’américaine»

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assemblée . Le président du groupe PS veut une commission d’enquête sur les sondages de l’Elysée. Mais craint l’obstruction de l’UMP.
Jean-Marc Ayrault, à l'université d'été du PS à la Rochelle, le 30 août (Stéphane Mahe / Reuters)
publié le 13 novembre 2009 à 0h00

Mardi, la commission des lois de l’Assemblée doit se prononcer sur la création d’une commission d’enquête sur les sondages de l’Elysée. Jean-Marc Ayrault, président du groupe socialiste réclame cette commission d’enquête et craint que tout soit fait pour l’empêcher de voir le jour.

Pourquoi demandez-vous une commission d’enquête ?

Pour mettre au jour un système qui cherche à vassaliser l'information et manipuler l'opinion. Cette commission doit permettre de montrer comment fonctionne le cœur même de la machine Sarkozy. L'Elysée commande, par le biais de Patrick Buisson et Pierre Giacometti, des enquêtes d'opinion. Les instituts qu'ils choisissent, Opinion Way ou Ipsos, interrogent les Français. On sélectionne ensuite les bons résultats pour les distiller gratuitement à quelques médias amis. Et on crée ainsi le buzz répercuté à longueur d'antenne. C'est du formatage de l'opinion selon le système américain du spin doctor. On demande à des spécialistes de la communication de bâtir une bonne histoire favorable à Nicolas Sarkozy. C'est ce qu'on appelle le storytelling. Cette commission doit contribuer à dénoncer ces pratiques. Les Français veulent des politiques authentiques, pas des politiques qui passent sous le bistouri de leurs communicants pour changer de visage.

Pensez-vous que la commission des lois, mardi, donnera un feu vert ?

J’y compte bien. Mais je m’attends à quelques manœuvres pour empêcher sa création. Il est clair que le président de la République n’en veut à aucun prix. On n’a jamais vu une telle mobilisation pour tenter d’empêcher une commission d’enquête de voir