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Libération
TRIBUNE

Et pourquoi pas un grand débat sur la souffrance au travail ?

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par Marylise Lebranchu, députée du Finistère
publié le 17 novembre 2009 à 0h00

La grande diversion de l’identité nationale a chassé des médias une question qui reste pourtant le quotidien d’un grand nombre de salariés : la souffrance au travail. Le leurre d’Eric Besson ne doit pas nous détourner. Contrairement à ce qu’avaient pu faire croire les slogans de la nouvelle économie ou du post-fordisme, le travail est toujours au centre de la vie de notre société, et de la vie des citoyens.

Les suicides au travail sont la manifestation la plus spectaculaire d’une vérité première du travail : il s’inscrit dans les corps des hommes et des femmes. Les ouvriers ont une espérance de vie inférieure de six ans par rapport aux cadres. Un homme de 35 ans peut espérer vivre jusqu’à 82 ans s’il est cadre, et seulement jusqu’à 76 ans s’il est ouvrier. L’inégalité devant la durée de vie rappelle que le corps reste la principale force de production : l’user c’est vivre moins longtemps.

Le stress au travail s’ajoute à la pénibilité physique qui continue de s’accroître. Les troubles musculo-squelettiques, y compris dans les entreprises de service, augmentent de 20 % par an depuis dix ans. La souffrance au travail ne se limite pas à une somme de problèmes d’adaptation ou de faiblesse individuelle, comme veulent le faire croire ceux qui reportent la responsabilité du mal sur ceux qui le subissent. Elle constitue une souffrance sociale, qui appelle une réponse collective, dans l’entreprise et dans la société.

Aucune exigence de compétitivité économique ne justifie un tel gâchis h