La politique a besoin de symboles et l’Europe n’avance que lorsqu’elle est tirée par de fortes personnalités. Le choix du premier président stable du Conseil européen (deux ans et demi renouvelables une fois) qui doit intervenir demain jeudi est donc primordial. En 1984, lorsque l’Europe était bloquée par l’obstruction de Margaret Thatcher, la nomination de Jacques Delors à la tête de la commission de Bruxelles avait permis de relancer la mécanique grippée. Cette fois-ci, après dix ans de tergiversations constitutionnelles, le modeste traité de Lisbonne peut enfin s’appliquer. Le premier acte qu’il autorise est le choix par les chefs d’Etat et de gouvernement du président du Conseil européen et du haut représentant pour la politique étrangère. Il est donc impératif de désigner deux personnalités d’envergure pour rêver d’une relance du projet européen. Malheureusement, le nombre de critères contradictoires qui entrent en jeu complique terriblement l’opération.
Deux profils théoriques étaient imaginables pour la présidence : une personnalité charismatique déjà célèbre sur la scène internationale - type Valéry Giscard d’Estaing il y a cinq ans lorsqu’il parrainait la constitution européenne et ne commettait pas de roman - ou bien un facilitateur de décision, un fabricant de consensus, un inventeur de pragmatisme comme le fût justement Jacques Delors. Un homme correspondait à la première option, Tony Blair, aimanté par la fonction et poussé par le gouvernement britannique. Il ava