A la fin de la séance du mardi de mon séminaire sur l'Esprit du christianisme et son destinde Hegel, la discussion s'amorce, non sans gêne avec les étudiants. Lorsque je leur ai proposé de nous retrouver pour discuter de l'identité nationale, ils ont réagi, pour beaucoup, par une sorte d'indifférence polie et intelligente en commentant parfois eux-mêmes leur réserve. Nous sommes une douzaine, en fin de compte, dont beaucoup d'étudiants étrangers qui portent sur cet exotique débat franco-français, comme dit l'un d'eux, un regard distancié, souvent nuancé, parfois déplacé, au sens strict.
Je commence par faire part de ma perplexité devant l'organisation du «grand débat». Devant ses modalités et ses présupposés d'abord, devant un certain pavlovisme de la gauche aussi qui ne parvient pas à faire autre chose que gesticuler lorsque le ministre agite son chiffon rouge. Je suggère que les uns et les autres partagent un même hégélianisme républicain, soucieux de construire une identité («nationale») de l'identité (étroite, nationaliste) et de la différence (des communautés singulières). Aussi la gauche n'a-t-elle d'autre ressource que de crier au néo-vichysme, ce qui est bien peu probant. Car le calcul politique plutôt rusé du gouvernement dans cette affaire, s'il saute aux yeux, ne suffit pas à en disqualifier la démarche. Comment en faire reproche à des hommes politiques ? En revanche, la question de fond et de forme, de fond parce que de forme, c'est de savoir s'i